Réforme de la formation - « Nous allons défendre la co-construction » (Jean-Michel Pottier, CPME)

Par - Le 02 mai 2018.

Satisfecit sur l'apprentissage, désaccord sur la formation professionnelle. Telle est la position de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) sur la réforme. Précisions de Jean-Michel Pottier, vice-président de l'organisation, recueillies vendredi 27 avril, jour de présentation du projet de loi en conseil des ministres.

Redynamiser l'apprentissage

Sur l'apprentissage, Jean-Michel Pottier émet un avis positif. Il y a d'abord une série de mesures qui lui paraissent « de nature à redynamiser l'apprentissage » : sécurisation des rapports entre employeur et apprenti, harmonisation des horaires de l'apprenti à ceux de l'entreprise ou, encore, adaptation de la durée de la formation en CFA en fonction des compétences déjà acquises. Il y a aussi le « triptyque » toujours défendu par la CPME : « un, on renforce la connaissance des besoins en compétences actuels et futurs des entreprises à travers les observatoires des métiers et qualifications ; deux, on permet aux branches professionnelles de piloter les référentiels de formation professionnelle ; trois, le paiement au contrat ». Sur ce dernier point, Jean-Michel Pottier rappelle toutefois que l'accord national interprofessionnel du 22 février 2018 prévoyait des dispositifs de transition pour un « passage réfléchi et en douceur de la réforme ». S'alarmant de la volonté d' « accélération » du gouvernement, il évoque de « graves difficultés » pour les CFA, si des améliorations notables ne sont pas apportées pour accompagner le passage du mode de financement par subvention au financement par contrat.

Attention au CPF

Là où la CPME se montre « beaucoup plus réservée, voire en opposition », c'est sur la réforme de la formation professionnelle. Principal grief : une mise en œuvre du compte personnel de formation (CPF) qui, selon l'organisation syndicale, « décourage le co-investissement et la co-construction ». Pour Jean-Michel Pottier, il n'y a là rien de moins que le « germe de l'échec annoncé de la réforme » : « le gouvernement veut absolument écarter l'intermédiation, pour un CPF à la seule main du salarié ». Et d'insister : « avec le choix d'un CPF commandé par smartphone, le gouvernement pose dès le départ un principe d'inéquité : tous les Français ne disposent pas des capacités à se mouvoir dans les méandres de la formation professionnelle et ne sont pas des champions d'Internet », estime-t-il. Il en est convaincu, un tel dispositif va « une fois de plus favoriser les personnes autonomes et manquer la cible des salariés des TPE-PME les plus éloignés de la formation ». Également hostile à la monétisation du CPF qui lui paraît moins équitable que le compte en heures, il y voit aussi un « frein psychologique supplémentaire à la co-construction ».

Ouverture et étatisation

En matière de gouvernance, le vice-président de la CPME perçoit la création de l'Agence France compétences comme une nouvelle « étatisation » : « c'est le “ en même temps habituel : d'un côté, on ouvre le marché de la formation professionnelle et on libère le marché concurrentiel ; de l'autre, on étatise la formation professionnelle à travers une grande agence d'État qui aura tous les leviers financiers pour orienter à sa guise les flux financiers au gré des besoins budgétaires du gouvernement », analyse-t-il.

Reste qu'il le redit en conclusion, c'est la question du co-investissement et de la co-construction, véritable cheval de bataille de la CPME, qui sera portée en première ligne par l'organisation lors de la phase législative.

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