Les métiers d'art veulent créer une nouvelle branche professionnelle

Par - Le 22 mai 2018.

La réforme de la formation professionnelle et de l'apprentissage, en relançant la restructuration des branches professionnelles, représente une opportunité pour les métiers d'art. Bien décidé à la saisir, leur syndicat national, les Ateliers d'Art de France, fait pression sur le gouvernement pour faire reconnaître les spécificités de son secteur d'activité officiellement reconnu par la loi du 18 juin 2014.

Nos 281 métiers représentant plus de 60 000 emplois et un chiffre d'affaires de 8 milliards d'euros ont besoin d'une offre de formation appropriée.

Après avoir déposé, il y a quelques semaines, au ministère du Travail un dossier formation, il met la dernière main à sa demande de création d'une branche professionnelle. « Le domaine de compétences des branches est amené à s'étendre, notamment en matière de formation professionnelle, dans la construction de ses référentiels et de la gestion prévisionnelle des compétences. Or, nos 281 métiers représentant plus de 60 000 emplois et un chiffre d'affaires de 8 milliards d'euros ont besoin d'une offre de formation appropriée pour préserver nos savoir-faire et développer nos ateliers », affirme Aude Tahon, présidente des Ateliers d'Art de France.

Une formation inadaptée

Les bottiers, bijoutiers, forgerons, graveurs, tailleurs de pierre ou encore les brodeurs s'invitent dans la réforme de la formation professionnelle et de l'apprentissage. Dans le dossier adressé au ministère du Travail, le syndicat reprend les freins à la formation aux métiers d'art. Constitué à 86 % de sociétés unipersonnelles, ce secteur d'activité est dispersé dans de nombreuses branches professionnelles dans une logique parfois difficile à comprendre. Ainsi, « les ébénistes se trouvent rattachés à la branche de l'ameublement », illustre Aude Tahon. La réforme engagée par le gouvernement confiera aux branches la co-construction des référentiels des diplômes professionnels afin d'adapter l'offre aux besoins des professionnels. Dans la configuration actuelle, les métiers d'art craignent de ne pas y être pleinement associés. Or, cette déconnexion peut mener à des aberrations. La broderie dont le cursus de formation historiquement conçu en Guyane repose sur des métiers à tisser à trois têtes alors même que, sur l'Hexagone, ces derniers en ont quatre ou cinq. Dans l'ébénisterie, le tourneur sur bois suit 150 heures sur l'agencement, un module surtout utile aux spécialistes de l'ameublement.

Des ateliers-écoles

Aujourd'hui, il existerait près de 91 filières de formation dont très peu véritablement adaptées à la transmission des gestes et du savoir-faire des métiers d'art. En effet, contrairement à ce que l'on pourrait imaginer, l'apprentissage ne s'y développe pas assez. « Beaucoup de CFA disparaissent et les professionnels rattachés au statut des artistes-auteurs peuvent prendre des stagiaires mais pas d'apprentis », rappelle Aude Tahon. Résultat : seules 10 % des formations se font par l'apprentissage. Pourtant, une approche de transmission en situation de travail, axée sur le geste, répond pleinement aux exigences des métiers d'art. « Nous avons besoin d'un temps de formation réalisé dans les ateliers par des professionnels formateurs », confirme Aude Tahon. Des expérimentations existent de ces ateliers-écoles. Ainsi à Lyon, le centre de formation SEPR a signé une convention avec les ateliers dans lesquels se déroule près de 90 % de la formation.