Annonces de Muriel Pénicaud : les entreprises devront se repositionner sur le CPF

Par - Le 13 mars 2018.

Dans le projet de réforme annoncé par Muriel Pénicaud le 5 mars, un certain nombre de mesures visent à simplifier la vie des entreprises dans le développement de leur politique de formation. Certaines allègent leurs démarches administratives comme la collecte unique et automatique de la contribution formation par les Urssaf. D'autres libèrent les initiatives innovantes comme l'élargissement de la définition de l'action de formation. Mais c'est encore la monétisation du compte personnel de formation qui devrait avoir l'impact le plus fort et faire évoluer les pratiques des entreprises.

Une simplification à concrétiser

« Il y a une véritable recherche de simplification. Toutefois, il reste beaucoup des points à préciser pour la rendre effective », souligne Sylvain Humeau, président du Groupement des acteurs et responsables de la formation (Garf). C'est le cas, par exemple, du fonctionnement des futurs opérateurs de compétences amenés à remplacer les Opca, avec lesquels les entreprises ont tissé des relations parfois étroites.

Il est très important de développer encore leurs missions de conseil. Or, comment les financer dans un schéma de collecte par les Urssaf ?

« Il est très important de développer encore leurs missions de conseil. Or, comment les financer dans un schéma de collecte par les Urssaf ? Comment seront fixés les frais de gestion ? Y aura t-il un système d'appels à projet sur des plans d'actions pour pouvoir mobiliser des enveloppes ? », se demande-t-il. La fin annoncée de la catégorisation du plan de formation ne devrait pas changer grand-chose pour les entreprises qui se concentrent le plus souvent sur la seule catégorie de l'adaptation au poste de travail. En revanche, la définition de l'action de formation élargie aux formations en situation de travail (Fest) et aux nouveaux formats du e-learning et de la modularisation représente un véritable levier pour le développement de politiques de formation innovantes.

L'enjeu de la co-construction du CPF

La fin des périodes de professionnalisation va certainement pousser les entreprises à explorer davantage les solutions offertes par le CPF dans le cadre d'une co-construction. Par ailleurs, en le monétarisant, la réforme consolide la formation comme un droit individuel et un outil pour choisir librement son parcours professionnel. L'entreprise va devoir, plus que jamais, trouver la bonne articulation entre ses besoins et les projets de ses salariés.

Il y a une opportunité à saisir pour le dialogue social.

« Il y a une opportunité à saisir pour le dialogue social. Des accords d'entreprise pourront être signés autour de la mise en place de parcours ou d'actions de formation éligibles à la co-construction et au co-financement. Un seul bémol toutefois, cette ingénierie sociale individuelle exige de disposer de ressources compétentes au sein des entreprises … Or, ce n'est plus le cas suite à la mise sous pression des fonctions supports dans les entreprises depuis 10 ans ! », alerte Sylvain Humeau. Le salarié peut trouver un intérêt à négocier un co-investisement notamment pour pouvoir réaliser sa formation sur son temps de travail.