« L'orientation est la clé de la réussite de l'apprentissage » (Hervé Morin)

Par - Le 17 mai 2018.

Hervé Morin, président de Régions de France, a été auditionné par la Commission des affaires sociales de l'Assemblée Nationale, mardi 15 mai, sur le projet de loi « pour la liberté de choisir son avenir professionnel. » Il a souligné s'exprimer au nom des 13 Régions pour évoquer les faiblesses du système d'apprentissage, selon lui fortement liées aux carences du système d'orientation.

Dans une intervention centrée sur les volets apprentissage et orientation du projet de loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel, Hervé Morin s'est dit convaincu que « cette loi ne marchera pas ». La crise économique de 2008, la complexité des normes, l'instabilité des politiques et le poids des représentations culturelles sont, selon lui, les « causes profondes » des faiblesses du système français. Face à ce constat, il concède que le projet de loi va « dans le bon sens » lorsqu'il s'agit d'encourager la co-construction en renforçant le poids des branches professionnelles ou d'assouplir les normes, par exemple en permettant l'apprentissage jusqu'à 30 ans.

Prix unique

Pour autant, il estime que le projet de loi comporte un risque majeur de faire de la formation par alternance « le seul champ où la loi du marché déterminera l'ouverture et la fermeture des places de formation ». Il s'inquiète également fortement de l'articulation à venir entre les CFA et les lycées professionnels, qu'il estime menacés de fermeture. Très critique vis à vis du paiement au contrat selon un prix unique, il multiplie les exemples pour tenter de démontrer que l'appareil de formation doit en permanence s'adapter à la diversité des réalités territoriales. Ce que ne permet pas selon lui l'instauration d'un prix unique, défini dans le cadre d'un « système totalement centralisé contraire à la logique du monde moderne ». Au-delà de ne pas inclure des coûts assumés par les Régions (transport, hébergement, aide à l'équipement, etc.), le prix unique met selon lui à mal les régulations régionales et fragilise l'aménagement territorial. Opposant la rentabilité immédiate à l'utilité sociale, il met notamment en garde quant au risque de fermeture des CFA de banlieues et de zones rurales.

L'orientation aux régions

En matière d'orientation, le président de Régions de France reproche au Gouvernement de ne pas leur avoir confié l'entière responsabilité du système. Convaincu que « l'orientation est la clé de la réussite de l'apprentissage », il plaide pour un système régional qui intègre les conseils départementaux, pour pouvoir agir dès le collège. Reprochant au gouvernement actuel et aux précédents d'avoir cédé sur ce point à la pression syndicale, il estime « la réforme de l'apprentissage mort-née sans réforme de l'orientation ».

Les positions exprimées par le président de Régions de France lors de son audition à l'Assemblée nationale ont été reprises dans un communiqué publié mercredi 16 mai par Hervé Morin, François Bonneau et Pierre Gattaz (voir notre article).